— Allez, dit Vekeman en se levant, tant que vous pouvez encore marcher, on y va à pied, tranquilles ?
— Oui, d’accord.
— Comment ça, d’accord ? Dites donc, alors comme ça, vous suivriez le premier venu n’importe où ! Je ne suis même pas commissaire, mon vieux ! C’était pour impressionner, un peu. Il semblerait que j’aie réussi ! En vérité, je suis coincé dans ce fichu quartier parce qu’un organisme m’y a convoqué… J’ai attendu des heures pour passer devant l’agent des identités, et pour quel résultat ! Un fonctionnaire a abandonné son poste et mon rendez-vous est repoussé à demain.
— Ça alors, nous avons dû nous croiser plus tôt dans la journée, j’y étais aussi, dans cet immeuble, pour faire valoir mon identité auprès de l’organisme. Comme vous. Sauf que, moi ça a été, j’ai pu passer.
— Ton identité est attestée, alors ?
— Oui.
— Vincent Drillon, vraiment ?
— Pour de vrai. Et vous, quelle est votre réelle identité ?
— Demain soir je m’appellerai officiellement Daniel Vekeman. D’ici là, je suis qui tu veux.
— Alors, s’il vous plaît, l’espace de vingt-quatre heures, je vous propose de récupérer mon identité, car j’aimerais, pour de bon, m’effacer.