Je suis né en 1985, mais je n’ai pris conscience de mon existence qu’après le 6 janvier 1995. J’ai vécu à l’âge de neuf ans une expérience que j’ai longtemps considérée comme étrange et fantastique.
Réveil nauséeux, vision trouble, tout se passa très vite. La chute de tension qui m’a pris fut vertigineuse et entraîna une perte de connaissance. J’ai peu après eu l’impression de flotter hors de mon propre corps, survolant ma condition humaine, que je comprenais si fragile.
Quelques instants plus tard, il me devenait impossible de ressentir quoi que ce soit. J’étais coupé de toute possibilité d’interaction avec le monde extérieur à mon enveloppe charnelle, car cette introspection forcée semblait se désolidariser des notions d’espace et de temps.
Je suis en mesure de vous évoquer l’image du tunnel, poncif auquel je pourrais me joindre. Mais je préfère introduire auprès de vous l’idée d’un espace totalement obscur, au centre duquel naît une lumière blanche qui grossit peu à peu. Et ces visages que je ne reconnais pas, à l’expression froide, ni bienveillants, ni inquiétants, qui bordent cet espace noir sur la gauche, peut-être aussi sur la droite, je n’en suis plus certain. Je me rapprochai de la lumière, encore et encore, et puis… plus rien !
Je me réveillai dans une ambulance, un masque d’oxygène greffé sur le visage. On m’expliquera plus tard que ma vie n’avait tenu qu’à un fil, que tout s’était joué à une poignée de minutes… J’étais encore un peu hors sol quand je compris que j’avais failli être terrassé. Nul besoin d’investigation. Le coupable de cette tentative de meurtre fut facilement identifié : le monoxyde de carbone, échappé d’une chaudière défectueuse.
Etrange. Ce souvenir le serait resté si ce que j’avais vécu ce matin-là n’avait pas été méticuleusement expliqué à l’un de mes cours de neurosciences, alors que j’étais à la deuxième année de mon cursus de psychologie. Ainsi, il s’était agi d’une expérience de mort imminente (E.M.I.). L’apport d’oxygène au cerveau s’amenuise, et des hallucinations peuvent émerger… Pourquoi pas. Mais je préfère conserver en tête ces instantanés de l’esprit, que les pragmatiques appellent hallucinations, et qui longtemps avaient étendu sur mon chemin le champ des possibles. Dans mon cœur, tout demeure fantastique.
Attitré psychologue en 2009, j’essaye d’être utile à la société, d’endosser le mieux possible le rôle qu’on attend de moi. Considérant cependant la chance inouïe d’être en vie, j’entretiens ardemment le désir de réaliser mon rêve d’enfant le plus ambitieux : vivre de l’écriture, en partageant avec un lectorat leurs impressions sur ces histoires que j’écris, inspirées de mon cursus universitaire, parfois, fruit de mon imagination, souvent.
En 2017, j’ai eu la chance d’être finaliste du Prix du manuscrit (concours de l’A.D.A.N.), pour mon premier roman, Le vrai visage de Jean Mila. Si je n’ai pas remporté le Prix, cette nomination a participé à renforcer ma détermination, et mon envie d’écrire.