— Gagné !
— Où ça ?
— À Tournai, en Belgique…
Olivier repartit dans un second rire très gênant. Max pensa : « Qu’ai-je fait ? »
— Bah, je sais où c’est, Tournai ! Sacré Max, toujours le mot pour rire ! Dis, je n’ai rien à faire de particulier aujourd’hui… J’peux venir avec toi ?
Les oiseaux avaient arrêté leur chant. Le vent ne caressait plus aucune feuille. Dans le champ visuel de Max, il n’y avait plus qu’Olivier, sa coiffe ébouriffée, ses lunettes à double foyer, ses dents jaunies autant par le café que le tabac !
Max avait envie d’autre chose. Il n’avait surtout pas envie de ça. Mais dans un moment de faiblesse, par crainte de froisser son « ami », il dit :
— Oui… Si tu veux.
Puis il laissa échapper un soupir qui semblait ne jamais devoir s’arrêter.
Olivier eut besoin de cinq minutes rien que pour prendre place dans la Peugeot : trois pour « régler » le siège, deux pour « démêler » la ceinture et réussir à la boucler.
— Tu as toujours ton tas de boue ? fit-il en ponctuant sa question d’un coup de poing dans la portière.
— J’y suis attaché, répondit Max.
— Tu pourrais t’acheter beaucoup mieux… maintenant ?
La délicatesse n’était pas la principale qualité d’Olivier. Max fit comme s’il n’avait rien entendu et tourna la clé de contact, souhaitant vaguement que sa vieille voiture refusât de démarrer. Docile malgré l’insulte qu’elle venait d’essuyer, elle se mit à ronronner.
— Pourquoi remplacer une auto qui fonctionne parfaitement ? dit-il en caressant le tableau de bord.
— J’peux fumer ? demanda Olivier sur un ton aussi peu interrogatif que possible.